Déjà des inégalités en France, il y a 6000 ans.
Le nouveau musée des Confluences à Lyon 1 présente une exposition remarquable sur les inégalités au Néolithiques (entre 6000 et 2200 av. J -C). L’exposition : « Signes de richesse, inégalités au Néolithique » est organisée par la Réunion des Musées nationaux-Grand Palais et le Musée national de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac
De quand datent les inégalités entre les Français ? Quels sont les premiers signes extérieurs de richesse ?
Le Néolithique est défini par les archéologues et les préhistoriens comme le passage pour l’humanité, des chasseurs-cueilleurs aux premiers paysans (environ -6000 ans dans le sud de la France) .Regroupés en villages, nos ancêtres commencent à produire leur propre nourriture et se sédentarisent progressivement, premiers villages datés à -5300 ans dans le nord de la France.
A côté des productions locales et d’usage commun, il existe partout des objets magnifiques en matériaux très rares et souvent fabriqués avec des procédés complexes. Ces biens ont circulé sur de grandes distances entre 5500 et 2000 av. J -C qui révèlent aujourd’hui des déplacements sur plusieurs centaines de kilomètres. Des signes de richesse ont ainsi été régulièrement retrouvés dans les tombes des défunts appartenant à une classe élitiste.
Les parures en coquillages de la Méditerranée sont certainement les plus anciens objets à avoir circulé et seules quelques espèces ont été utilisées comme le spondyle, mollusque très prisé en raison de l’épaisseur de sa nacre. Ces objets en nacre (perles, bracelets, fermoirs de ceinture …) ont servi de signes de distinction sociale de la vallée de la Seine, au Rhin et jusqu’au Danube.
Parmi les produits de luxe retrouvés dans les tombes du Néolithique, on retrouve fréquemment des objets en roches rares, très dures et généralement verdâtres. Le jade et la serpentinite, roches métamorphiques des Alpes, sont recherchés pour les haches polies et leur fabrication a nécessité un travail extrêmement long. Originaire des sommets alpins à 2000m d’altitude, le jade génère entre 5500 et 3000 av. J -C le plus important réseau de circulation d’Europe. Les haches en jade abondent dans les tumulus du Morbihan depuis l’Irlande jusqu’à la Bulgarie et sont diffusées en vue d’alliances entre centres de pouvoir.
On peut citer également l’obsidienne, roche volcanique noire vitreuse qui circule entre les îles de la méditerranée (Sardaigne, Lipari, Palmarola) et qui est l’objet d’un véritable trafic maritime.
Enfin d’autres objets, issus de techniques de pointe, et dont la valeur est conférée par un savoir-faire sophistiqué détenu par des spécialistes sont considérés comme précieux. Ainsi de très longues lames en silex (Grand-Pressigny) sont débitées par percussion indirecte puis transformées en poignards qui imitent les premiers modèles importés en cuivre. La première métallurgie apparaît probablement en France vers 3000 av. J-C sur des sites miniers du Languedoc.
Le trésor de Pauilhac (Gers) 2 présenté au musée est constitué d’un ensemble d’objets découverts dans un tertre funéraire en 1865 et a été longtemps considéré comme l’illustration même des richesses amassées par les élites du néolithique.
PIERRE VITTORE
professeur de science et de géologie
Bibliographie :
http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=1976
http://www.museedesconfluences.fr/
https://www.youtube.com/watch?v=c6mJl7fbRgg
https://www.youtube.com/watch?v=fmSWjeCdsoY
http://www.inrap.f