Grand creuset artistique et culturel, Venise subit par conséquent les influences orientales avec Byzance dont elle fut la vassale jusqu’en 1214, puis celles des périodes gothique, renaissance, baroque et moderne. Les échanges commerciaux avec ses comptoirs de marchandises en orient apportent opulence, richesse à la Cité des Doges qui atteint son âge d’or au XV et XVI siècle où la vie intellectuelle et artistique est fort brillante. Les innombrables œuvres d’art qui décorent les musées, les églises et les palais témoignent de ces richesses.
Parmi la centaine de palais qui jonchent le Canal Grande, (les Champs Elysées aquatiques) s’y reflète un des derniers palais vénitiens construit au XVIIIème siècle, le Palais Grassi. Il porte le nom de la famille de Bologne Grassi qui le fit édifier en 1748 avant le déclin de la Sérénissime. Venise était en cette période l’une des grandes Républiques maritimes d’Italie avec Pise, Gênes et Amalfi, étendant sa domination sur la Méditerranée orientale.
Palais quadrilatéral en pierre blanche d’Istrie, il rappelle l’architecture du palais de la Renaissance, notamment sa somptueuse façade donnant sur le Canal Grande.
Pourvu d’un portique ouvert au rez-de-chaussée donnant vers l’eau, il permettait l’arrivée en gondole, d’entreposer des marchandises et de ventiler le palais en raison de l’humidité qui frappe les palais vénitiens. Le Piano Nobile au premier étage abritait de vastes pièces représentant les appartements des propriétaires, les étages supérieurs souvent réservés aux pièces de servitudes.
On s’imagine aisément en déambulant dans ce spacieux palais le mobilier du XVIIIème, les chinoiseries, les tapisseries de soie qui ornaient le palais, l’univers dans lequel vivait les Grassi. Cependant la famille ruinée, le palais sera racheté à plusieurs reprises, transformé en « musée des arts du costume »et accueillera des expositions artistiques, ainsi commença la nouvelle vie du Palais Grassi, une vie muséographique.
Giovanni Agnelli (FIAT) en 1983 l’acquit et les architectes Foscari et Aulenti vont le transformer pour devenir un Centre d’exposition international.
Mais c’est François Pinault (Printemps-La Redoute), l’homme d’affaires et milliardaire français qui fera connaitre au monde entier le Palais Grassi. Grand amateur d’Art moderne et d’Art contemporain, sa collection est impressionnante, et, est l’une des plus importantes du monde.
Il souhaite exposer sa riche collection pour cela il achètera le Palais Grassi, le fera rénover par l’architecte japonais Tadao Ando pour devenir une grande salle d’exposition de 5000 mètres carrés sous la direction en 2004 de Jean-Jacques Aillagon (ancien directeur du centre d’art et de culture Georges Pompidou et ancien ministre de la Culture français de 2002 à 2004).
L’inauguration pompeuse en avril 2006 se fera avec l’invitation de grandes personnalités, de célébrités du monde de la politique, de la culture et de toute la presse internationale, sous le thème d’une exposition « Where are you going ? ». Ainsi le Palais Grassi connu d’un petit monde sortira de son anonymat et sera exposé à la face du monde entier. Idem pour la Fondation Pinault, une collection artistique incommensurable : Rothko, Manzoni, Hirst, Warhol, Fisher….Stingel qu’il expose dans le palais. Mais François Pinault ne s’arrêtera pas là puisqu’il étendra son lieu d’exposition avec l’acquisition, en accord avec la Mairie de Venise, de la Punta Della Dogana, nouvel espace d’art contemporain de l’homme d’affaire.