Chef d’œuvre de l’art byzantin, remaniée à Venise, la Sérénissime conserve dans la Basilique San Marco un des plus beaux joyaux artistiques, la Pala d’Oro.
Ce magnifique retable en or massif et en pierres précieuses est dissimulé derrière le maître-hôtel qui conserve les reliques du Saint Patron de la Ville lagunaire Saint Marc qui supplanta au IX ème siècle Saint Théodore imposé par Byzance. Deux marchands vénitiens dérobèrent les ossements de l’évangéliste à Alexandrie, les cachant dans de la viande de porc pour les ramener à Venise. Ceci marquant une rupture politico-religieuse avec Byzance.
Venise, pendant longtemps, fut tournée vers l’Orient en particulier vers Byzance qui fut la capitale de l’Empire Romain d’Orient. Les échanges commerciaux ont permis de développer les échanges culturels et artistiques. Mosaïques, icônes témoignent de cette influence byzantine de même dans la peinture vénitienne du XI ème au XIII ème siècle. La fascination pour Byzance est de fait fortement marquée dans les arts vénitiens.
La Pala d’Oro accrédite cette fascination. Exceptionnel travail de l’orfèvrerie byzantin, héritière des traditions romaines. La production d’objets liturgiques prend de plus en plus d’importance à partir du VII ème siècle, une grande partie des pièces parvenue jusqu’à nous proviennent des trésors d’églises ; encensoirs, ciboires, reliquaires…et le retable de San Marco est une commande vénitienne à des artisans de Constantinople.
Au X ème siècle, le Doge Pietro Orsoleo Ier commande à Constantinople un panneau d’argent doré pour orner l’autel. Travaillée par des artisans byzantins la Pala d’Oro sera transformée et enrichie à plusieurs reprises. Il s’agit donc d’une pièce non homogène, au regard de la technique comme du style. Les artisans utilisèrent notamment les techniques de l’or repoussé, moulé, ciselé.
En 1105 on ajoute des émaux représentant le Christ en majesté, les Prophètes, les Anges, les Apôtres, des épisodes de la vie du Christ et de Saint Marc. En 1209 le Doge Pietro Zizi fait élargir et rehausser le retable ; de grands émaux représentent cette fois les six fêtes de l’église orientale provenant du butin de la IV ème croisade à Constantinople de 1204. Au contact des ateliers byzantins les Vénitiens avaient donc fini par assimiler leurs techniques de l'émail. La touche finale sera en 1343, on confira à l’orfèvre vénitien Giovanni-Paolo Boninsegna la tâche de remodeler le retable. Il réalisa un grandiose châssis gothique pour mettre en valeur les ornements précieux et accentuer l’importance des personnages sacrés. A l’instar du travail byzantin, le travail des métaux précieux, en particulier l’or sera associé aux pierres de couleur mais aussi aux perles.
L a Pala D’Oro en chiffre
Un retable de 3.48 m de long sur 1.4 m de haut
Perles : 1300
Saphirs : 300
Grenats : 400
Émeraudes : 300
Améthystes : 90
Rubis : 90
Topazes : 4
Camées : 2
Par son programme iconographique ainsi que par sa richesse artistique et ornementale, ce joyau résumait l’ambition de Venise de devenir, après Constantinople, la « nouvelle Rome ».